mardi 5 janvier 2016

Télévision : de l'info sans infos

Quand l'information réelle est remplacée par les sujets anecdotiques,
les micro-trottoirs, et les reportages insignifiants sur la vie quotidienne...

La nouvelle censure

Le principe de base de la censure moderne consiste à noyer
 les informations essentielles dans un déluge d'informations insignifiantes
diffusées par une multitude de médias au contenu semblable.
Cela permet à la nouvelle censure d'avoir toutes les apparences de la pluralité
et de la démocratie.

Cette stratégie de la diversion s'applique en premier lieu au journal télévisé,
 principale source d'information du public.

De l'info sans infos...

Depuis le début des années 90, les journaux télévisés ne contiennent
quasiment plus d'information. On continue d'appeler "journal télévisé"
ce qui devrait en réalité être appelé un "magazine".

Un J.T. moyen contient au maximum 2 à 3 minutes d'information.
Le reste est constitué de reportages anecdotiques, de faits divers,
de micro-trottoirs et de reality-shows sur la vie quotidienne.

...et une censure sans censeurs

Toute la subtilité de la censure moderne réside dans l'absence de censeurs.
Ceux-ci ont été efficacement remplacés par la "loi du marché" et la
"loi de l'audience". Par le simple jeu de conditions économiques
habilement crées, les chaines n'ont plus les moyens de financer le travail
d'enquête du vrai journalisme, alors que dans le même temps,
le reality-show et les micro-trottoirs font plus d'audience avec
un coût de production réduit.

Même les évènements importants sont traités sous un angle "magazine",
 par le petit bout de la lorgnette. Ainsi, un sommet international
donnera lieu à une interview du chef-cuistot chargé du repas, à des
images de limousines officielles et de salutations devant un batiment,
 mais aucune information ni analyse à propos des sujets débattus
par les chefs d'états. De même, un attentat sera traité par des
 micro-trottoirs sur les lieux du drame, avec les impressions et
témoignages des passants, ou une interview d'un secouriste ou d'un policier.

A ces insignifiances s'ajouteront le sport, les faits-divers,
les reportages pitoresques sur les villages de la France profonde,
 sans oublier les pubs déguisées pour les produits culturels faisant
 l'objet d'une campagne de promotion (spectacles, films, livres, disques...).

Information destructurée pour mémorisation minimale

Tous les psychologues et spécialistes des neurosciences savent que la
mémorisation des informations par le cerveau se fait d'autant mieux que
ces informations sont présentées de façon structurée et hiérarchisée.

La structuration et la hiérarchisation de l'information sont aussi des

principes de base enseignés à tous les étudiants en journalisme.

Or depuis 10 ans, les journaux télévisés font exactement le contraire,
en enchainant dans le désordre des sujets hétéroclites et d'importance
 inégale (un fait divers, un peu de politique, du sport, un sujet social,
un autre fait divers, puis à nouveau de la politique, etc) , comme si le but
recherché était d'obtenir la plus mauvaise mémorisation possible des
informations par le public. Une population amnésique est en effet
 beaucoup plus facile à manipuler...